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La tentationby ~DoChopp |
Céder à la tentation, ou y résister ?
Tant de parasites nous en empêchent… Quels sont-ils ?
Tout n’est que désir, pulsion et volonté de résister ou de céder. Il est déjà minuit 45, je dois me lever tôt demain pour aller faire du pédalo, mais l’envie d’écrire est bien plus forte encore… Dois-je céder à la tentation ?
Tout n’est que désir, pulsion et volonté de résister ou de céder. Il est déjà minuit 45, je dois me lever tôt demain pour aller faire du pédalo, mais l’envie d’écrire est bien plus forte encore… Dois-je céder à la tentation ?
J’ai posé la question suivante sur facebook à mes amis : …
A cette question, la plupart des réponses ont été favorables. Il faut céder à la tentation, certes, mais cependant une chose a été soulignée. Il ne faut pas y céder trop souvent. Alors comment connaître la bonne fréquence ? Et pourquoi mon amie me conseille-t-elle cela ? L’a-t-elle entendu de la bouche d’un de ses parents quand elle était enfant (‘les enfants pourris gâtés, ça donne rien de bon’), ou bien le pense-t-elle réellement ? Car je ne pense pas que cette théorie soit vérifiable. Existe-t-il une seule personne au monde qui s’estime rassasiée ? Une seule personne au monde qui possède déjà tant de chose qu’elle ne parvient plus à se faire plaisir ? Lorsqu’on interroge ces célébrités, elles semblent toujours être capables de désirer les nouveaux objets luxueux que l’on a créés pour elles. Alors pourquoi faudrait-il se restreindre ?
Est-ce une question d’impulsion, ou une question de morale ?
Si j’ai envie de manger cette pomme que je possède, certains épicuriens me diraient de la conserver pour faire monter en moi le désir de manger la pomme. Cependant, si j’attends trop, elle flêtrira. Dois-je alors me priver du plaisir de la manger tout de suite parce que je ne l’ai pas assez désirée ?
De même, on désapprouve les femmes qui se jettent sur des amants de passage qu’elles ont rencontré une heure auparavant. Il ne s’agit pourtant que d’assouvir un désir, peut-être même un désir de longue date. Peut-on parler de tentation à coup sûr ? Il est probable que la tentation implique forcément un désir de longue durée, mais passons sur ce détail. Si je suis tentée par un homme, la seule chose qui m’empêchera de l’emmener dans une chambre d’hôtel est la morale.
Et j’en viens à me demander si toute cette affaire de tentation ne serait pas uniquement une gigantesque affaire de société, une affaire dans laquelle seule la morale et les restes de religion catholique triompheraient.
Peut-être aurais-je dû présenter à mes amis la question autrement, sous la forme suivante : « Ai-je le droit de me faire plaisir 24 heures sur 24 ? ». Car, a proprement parler, ce n’est pas cela qui dérange, mais si l’on creuse la question, on dirait que c’est là que ça cloche. J’ai le droit de m’acheter un éclair au chocolat parce que je l’ai mérité. Mon père m’achetait cela en signe de récompense, quand je sortais de l’école avec une bonne note dans mon cartable. Cette pratique me limitait à un éclair par semaine, généralement. Je me promettais que plus tard, j’en dégusterai autant que je voudrais. Depuis, en sortant de la fac, je passe tous les jours devant une boulangerie, et je n’en achète pas. A chaque fois que je souhaite y rentrer sans avoir réussi un exploit, je me sens coupable d’un crime contre l’humanité. J’ai l’impression d’agir contre l’éducation de mon père : « une récompense pour un effort fourni ». Ainsi, je n’accepte pas le fait de désirer quelque chose sans fournir un labeur suffisant pour m’excuser d’avoir cédé à la tentation. Et cela, même si j’ai suffisamment d’argent pour m’offrir mon éclair au chocolat plusieurs fois par semaine. Je pense ne pas être la seule dans ce cas. Ces pratiques sont intériorisées par les individus. Je ne dis pas qu’ils pensent tous la même chose que moi lorsqu’ils passent devant une boulangerie, mais je dis qu’en règle générale, ils considèrent qu’il faut suer pour être digne de recevoir sa récompense. Sinon, céder à la tentation est illégitime. Paris Hilton n’est pas autorisée à céder à la tentation car elle n’a pas gagné son argent. Pour être autorisée à coucher avec un homme, une femme doit avoir sué pendant de longs mois pour l’aimer sans en profiter. Toujours cette histoire de morale. Mais où est le plaisir là dedans ?
Car céder à la tentation, ça veut bien dire « se faire plaisir », non ? Et quel mal y a-t-il ? Si je peux me faire plaisir à longueur de journée, si je peux m’acheter mon éclair au chocolat 20 fois par jour, qui me l’interdira ? Certains me jalouseront et diront dans mon dos que je grossis et que je serai bientôt malheureuse car lassée d’en manger, mais qu’importe ? J’achèterai des religieuses au café lorsque je serai lassée du chocolat…
Pour finir, il est difficile de positionner ses désirs face à la société. Se faire plaisir est acceptable pour soi, mais il y a les autres. Ces autres qui nous jugent, qui parfois nous envie, et parfois sont si bien conditionnés qu’ils parviennent à créer des catégories de personnes trop gourmandes de la vie : des « putes », des « obèses », des « bourges », et tant d’autres qui ne pêchent que pour avoir perdu du temps ou de l’argent pour du plaisir. Un peu catholique, cette interdiction de satisfaire des désirs trop souvent. Et même, carrément communiste. C’est comme si, en satisfaisant nos envies, nous faisions mal à la société. Comme si tous les jaloux de la terre s’étaient réunis pour nous dire que la communauté devait primer. Comme si, mes éclairs au chocolat, je devais me contraindre à ne pas les manger par solidarité avec ceux qui ne pourront pas s’en offrir un.
Clémence.
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