Mon blog, en gros, pour ceux qui ont la flemme de lire le reste.

Stéréotype inutile d'une vie sans remous. Portrait caustique d'une post-adolescente niaise et attardée. Bonjour, j'ai 20 ans et je suis conne. Mais, dieu merci, je ne suis pas encore amoureuse, malgré ce que j'écris (parfois).

Ceci est mon hommage aux hommes dotés de l'honneur d'être ou d'avoir été aimé de moi. Ceci est un hommage à ma solitude.

lundi 31 octobre 2011

Serait-il devenu si différent de moi ? Me pardonnera-t-il d'être différente de lui ?

Comme une impression de déjà vu, d'admiration face à cet homme qu'il est devenu.
Suivrais-je l'émancipation, le jour où ce sera mon tour ?
Le Diable en moi, celui de la tentation...



mirror, mirrorby ~aimeelikestotakepics


samedi 29 octobre 2011


Punish the Childrenby ~WinterRose31



Comme une image de toi qui me revient, qui me hante. 
On m'invite sur facebook à rejoindre des groupes dédiés à nos plus belles années ensemble. J'ai l'impression que la terre entière te rend hommage afin de me faire culpabiliser de t'avoir laissée partir sous ce drap blanc, le 28 janvier 2004. Je t'ai perdue trop tôt, si tôt. Si seulement j'avais pu faire quelque chose (de plus). Et alors que ces gens parlent de leurs souvenirs et partagent leurs photos, je revois deux petites filles courant dans les couloirs en hurlant de rire dans un couloir interdit aux élèves, se tenant l'une à l'autre par les côtes, sous les yeux ébahis des secrétaires. Je revois ces mêmes petites filles dans un autobus, enroulées dans une combinaison de ski, en train de se moquer des moniteurs. Et je les revois dans les bras l'une de l'autre, en pleurs certains soirs. Je les revois cuisiner ensemble à midi, sécher les cours, faire l'école buissonnière, apprendre ensemble, se moquer de la vie, se moquer des professeurs, se moquer des autres élèves, je les vois se disputer, se réconcilier, je les vois se faire des confidences dans l'espace derrière le lit aménagé en cabane, je les vois passionnées l'une par l'autre, ensevelie sous cette passion destructrice et exclusive. Je les vois cachées dans les placards des professeurs le 1er avril. Je les vois heureuses, je les vois libres, insouciantes. Elles ont l'espoir de rester amies pour toujours. Elles s'en font la promesse. Mais je le sais, les promesses ne sont pas faites pour être tenues, malgré tout l'acharnement que l'on met à faire revivre les morts. 


Marina & Clémence, à jamais.
Le souvenir de leur amour sans borne ne cessera jamais d'exister.


Je t'aime, M. Tu es la seule étrangère à mon sang à qui je peux le jurer.

mardi 25 octobre 2011

C'était plus joli le jour où je l'ai improvisé à l'autre bout du téléphone.


Extase 3by ~Yannig-Germain





Chanson pour les ploucs. 


Il faut pleurer ces mots,
Que l’on chante peu ou bien
Ou que l’on chante bien peu
Si l’on chante un peu mieux

Je ne t’ai jamais aimé assez par le passé,
Pour te haïr
Et je suis dépassée par l’amour trépassé
Qui nous a vu mourir.

Tes sanglots sans blague
Sont des sangsues sans algues
Que mes sens en écoute
Ont mit sur la déroute

Puisqu’il faut bien y ailler
Autant bien y ailler
Autant emporte le vent
Nos amours limités

Mon amour falsifié
Inconnu libéré
Évadé de mon cœur
Prisonnier de mon fait
Que tu sois mien ou sien
Que tout soit faux ou vrai
Que ma vie s’ouvre ou se ferme
Comme mes cuisses contre ton corps
Que tout contre moi repose
Ton enfant ou celui d’un autre
Que ta femme me devine
Dans l’ombre de ses songes
Dans ton lit ou le sien
Ta vie dort entre mes seins
Entre mon sexe et le tien
Que tu vives caché
Que tu aies un passé
Et qu’il soit scandaleux
Que nous vivions heureux
Que nous soyons inertes
Déposés sur le sol
Suspendus aux fenêtres
Ou que nous soyons morts
Que nous fassions l’amour
Vite ou bien dans nos tombes
Que l’on pleure nos corps
Que l’on oublie nos âmes
Que le destin nous sauve
Que la vie nous sépare
Rien rien rien ne m’égare
Loin de toi je me retrouve éparse
Sans couverture à demi nue
Je suis une enfant qui se donne
Une enfant dévêtue
Je suis ta fille ta pute ta mauvaise vertu
Ton glas ta mort ton dernier cri
Et je t'enroule de mes bras
dans la couverture de mon être
Je signe en bas de ton ventre le contrat
"Je suis à toi".

Chanson pour les absurdes



Ce n’est pas de gaité de cœur que je te l’ai donné. (mon cœur)


Je ne t’ai pas articulé mes mots d’amour désarticulés.
Cette musique, je l’ai faite avec mes larmes, elles sont tombées sur les touches de nos plus vieilles années, sur les cordes du piano, elles t’ont écrit un concerto.
Moi aussi j’ai des doutes, tous les jours, toutes les semaines, tous les jours pairs du calendrier, pas un seul moment vrai pendant lequel je ne cesse de douter. Moi mon amour, j’ai tout gouté. L’amertume, la jalousie, l’appendicite, et la folie, pour toi j’ai tout donné, j’ai tout sali, j’ai tout détruit, j’ai tout souillé, je suis partie. 20 ans, va t’en, c’est moi qui part, vas t’en, ne me quitte pas, ne me double pas, je quitte toujours, avec du sang, vas t’en. Adieu, adieu, sans regret, sans peine, adieu à bientôt. Adieu à bientôt encore.
J’ai des doutes au fond des yeux. Je suis tombée pour mon pays. Disparate, la vertu que j’avais en moi se demandait où finir, dans quel égout dégouliner. Elle se devait d’être anéantie par toi et pour ma partie, et quand je pars au combat, si c’est pour toi, je ne sais plus pour qui j'y vais. Etait-ce pour mon père, pour ma mère ? Ils m’ont élevée avec tant d’amour, je voulais le rendre à la terre, me faire baigner dans le sang, me venger de tout ce bonheur que j’ai volé aux autres et qu’ils n’ont pas connu à cause de moi. J’ai une indigestion, une crise de foie de « tout va bien, ma foi ». Moi aussi j’ai des doutes, moi aussi je pleure tous les soirs dans ma chambre d’étudiante, je ne sais plus où je vais, je ne sais même plus pourquoi je pleure, mais je trouve que ma voix est belle quand elle parle sur la musique de Benjamin Biolay.
J’aimerais que ça ne s’arrête jamais. Je pense à toutes ces histoires d’amour que j’ai ratées, et à toutes celles que je ne vais peut être pas vivre, par erreur, par malchance, par abstinence, par volonté, je n’sais pas je n’sais plus je n’sais qu’énumérer, et j’ne sais que ne pas savoir. Socrate revisité.
Tu me donnes des frissons, tu parles trop. Tu es mon préféré. J’te l’ai déjà dit. Que de toi. Qu’à toi. Mon chéri, non, je ne suis pas sûre. Je t’ai quitté sur une question. Une hésitation. Un désir.
Pas de juste milieu, simplement de brèves échéances, nos amours sont des voyages plus ou moins lointains. Des voyages pour Bordeaux, des voyages pour Paris, ou bien des voyages pour Moscou. En première ou en deuxième classe. Avec beaucoup d’allers retours. Des voyages qui nous emmènent n’importe où et pas toujours là on nous voulions aller.
Retour chez nous, case départ, désolée. Les lots de surprises sont épuisés.
A la guitare tu fais toujours les mêmes accords, je n’ai pas dit que cela me perturbait, je n’ai pas dit que je ne t’aimais plus, simplement que j’ai remarqué. Que tu ne peux pas t’empêcher de jouer cet air que tu as composé en regardant mes yeux, ce soir où nous étions amoureux. C’était en Andalousie, janvier 92, on avait 20 ans et on était amant, depuis peu. On n’s’était pas tout dit, non. On n’s’était pas du tout dit non. Je ne savais pas. Je ne savais pas que. Je ne savais pas que ça durerait, je te l’avoue. J’avais même peur, et pas confiance. J’avais un peu mal, je t’ai pris par hasard. Tu t’es trouvé sur mon chemin, tu t’es trouvé sur mon voyage. Avec toi j’ai pris le train, et j’ai pas encore acheté le billet retour. 




Veuillez excuser les phrases décousues et l'absence de sens, comme je l'ai dit dans le titre, ce texte a été improvisé sur une boite vocale. 

samedi 22 octobre 2011

"Avec le temps, tous les souvenirs deviennent des souvenirs heureux". Je comprends tes sous-entendus, mais comment oses-tu me parler du temps après ce qu'il nous a fait ?

Un jour, j'irai rechercher l'ancien toi quelque part, je le ramènerai sous mon aile maternelle, et je l'empêcherai de devenir ce que tu es devenu. Un pauvre con, que je ne cesse pas d'aimer malgré tout.



Clockby *Narsilion

jeudi 13 octobre 2011

But remember when I moved in you / Every breath we drew was hallelujah

De sa bouche la plus pure il embrasse les mots en récitant les vers.
Ô Dieux, quel amour odieux. 
J'aurais aimé être insolente et lui cracher à la figure pour qu'il ne soupçonne plus jamais le secret que mon coeur tente de lui cacher. 


Je te laisse croire que je t'aime pour les bonds que fait mon coeur fait dans ma poitrine quand j'y crois aussi, et quand pendant l'espace d'un instant nous y croyons ensemble. 
Je ne te le dirai jamais, je ne le penserai jamais, mais je t'aime. 



Well there was a time when you let me know
Il fut un temps où tu me laissais savoir
What's really going on below
Ce qui se passait vraiment [en toi]
But now you never show that to me, do you
Mais maintenant tu ne me le montres plus du tout, n'est-ce pas.

mercredi 12 octobre 2011

Le fait que tu connaisses mes faiblesses m'empêche de te montrer mes forces.

Pourquoi suis capable de me surpasser devant tous les autres, et pourquoi suis-je soudain anéantie quand il s'agit de toi ?

samedi 8 octobre 2011

Little('s) story.



Little était un ange mais elle ne dormait pas de la nuit.                                                                               
Sans doute avait-elle trop d'angoisses en elle. Comment a-t-elle fait pour s'en débarrasser ? Elle ne s'en est pas débarrassée. Elle les a gardé bien au chaud, quelque part dans son corps, pour les refiler à Big Little quand elle serait plus grande. Et Big Little ne dort toujours pas, et elle inquiète autant sa mère que Little.      
Peut-être devrait-elle reprendre une thérapie. Ou peut-être devrait-elle tout simplement trouver le moyen de prendre son envol, de s'éloigner à tout prix de son cocon, si confortable,  et si annihilant à la fois.                
Il faut en finir avec cette quête du bonheur. Souvent, il est de trop, et pesant sur nos épaules et nos ailes, il nous maintient au ras du sol.                                                                                                                   


by ~Imag0

Insomniac 

jeudi 6 octobre 2011

C'était l'histoire d'une fille qui n'avait pas écrit depuis au moins mille ans. C'était l'histoire d'une fille qui s'éveillait parce qu'elle avait 20 ans et la vie devant elle.

the diaryby =alexandramaria





Cher journal, j’ai décidé de t’écrire. Peut-être seras-tu incomplet, écrit à la va-vite, peut-être resteras-tu inachevé, mais tu seras sincère, c’est ce que je réclame ce soir.
J’ai lu le journal intime de Sarah. Bien évidemment, je n’aurai pas dû. Mais je l’ai trouvé, sans même le chercher, et je n’ai pas pu le reposer sans satisfaire ma curiosité. Ses mots sont pleins d’amertume, je comprends qu’elle a beaucoup de choses à dire, à prouver, que l’écriture est un exutoire à sa peine. Ai-je, moi-même, vraiment besoin de cela ? Ne serait-ce pas une perte de temps ? Je m’étais préparée à travailler, j’allais rentrer chez moi, mais j’ai lu ce journal, et cela m’a inspirée. Ce qui est angoissant, c’est l’idée que je suis habituellement inspirée par de la grande littérature et grands auteurs. Peut-être n’ai-je d’ailleurs pondu rien de bien fracassant en voulant les imiter. Aujourd’hui, étant inspirée par Sarah, qui n’est autre –appelons un chat un chat- qu’une fille des cités en manque d’amour et d’éducation, je risque de frôler le seuil de la nullité littéraire, mais je ne dis pas cela contre elle. Je dis cela contre les passions qui m’habitent, car on ne fait rien de bon lorsqu’on utilise sa passion comme un moteur. Par passion, j’entends évidemment tous les sentiments qui dépassent la raison, et en l’occurrence, celui que je ressens actuellement est le désarroi, le trouble face à la douleur qu’a connu cette fille et que je n’ai jamais connue, du moins pas cette forme de douleur, physique, absurde, celle de la drogue, de la bagarre, du squat et des dettes financières, et du manque d’amour. Cependant, qui peut affirmer aujourd’hui qu’il est suffisamment aimé ? J’ai tendance à croire que je ne le serai jamais assez. Les gens qui nous aiment s’en vont, ils finissent par mourir ou par perdre la tête, et si ce n’est pas le cas, c’est qu’ils nous oublient. Même un amour infini doit mourir, lorsque vient la mort de l’un des êtres aimés. L’autre continue à aimer, mais il ne l’est plus en retour. Peut-être alors devrions nous cesser d’aimer les gens qui ne nous aiment plus, parce qu’ils ne sont plus là ou parce qu’ils nous ont oublié.
Je devrai dire plus souvent « je ». Auparavant, je me plaignais de le dire trop souvent. Mais aujourd’hui je me rends compte que mes « je » ne sont que rhétorique. Je n’utilise jamais « je » pour dire la vérité, j’invente sans cesse, malgré mes efforts pour me concentrer sur mes récits autobiographique, je ne peux pas m’arrêter de fantasmer, d’imaginer, et de laisser ma plume divaguer entre mensonges et réalités.
Je n’ai jamais cessé d’aimer les gens qui m’ont craché à la figure. Kevin, Gaëtan, je les aime encore, et j’affectionne aussi tant de personnes qui m’ont déçues, et j’ai même l’impression d’être amoureuse de tous les hommes qui passent dans ma vie alors que je les déteste en vérité. Donc, je pourrais me sentir lâche, mais je me sens simplement seule, assez peu difficile avec les hommes pour croire que j’ai besoin de leur présence dans ma vie même s’ils ne me correspondent pas. J’ai même pas peur de jouer un rôle avec eux, de tricher avec eux, juste pour être à leurs côtés. Je pourrais passer mes journées à leur mentir, à vivre une double vie, pour être aimée doublement. Je vais même finir par chercher l’amour au fond des poubelles.
Tout à l’heure, en marchant dans la rue, j’écrivais déjà ce journal dans ma tête. Je voyais les pauvres putes de la rue Sénac et je ne savais pas si je devais leur sourire. J’avais envie de tirer une tronche d’enterrement mais je n’ose jamais. Parfois je me force à être désagréable. J’ai l’impression d’être juste trop gentille avec les gens. Avant, c’était le bonheur que j’avais en moi que je transmettais. Maintenant, je ne me sens plus suffisamment heureuse pour partager.
Certains sont si sûrs d’eux, j’ai l’impression qu’ils ont confiance en leur avenir parce qu’ils ne se laissent pas le choix. Moi, je me laisse un peu trop le choix. Je calcule sans cesse des plans B parce que je suis lâche. J’ai même peur de réussir ! Peur de me démarquer, d’être celle que je suis. Car je ne cesse de me dire que je suis intellectuellement différente. Trop mature pour le monde qui m’entoure. Mais personne ne s’en rend compte, je ne cesse de le cacher, quand dans ma tête les pensées défilent à toute vitesse, j’ai appris à avoir les yeux vides, le regard indifférent, l’air bovin. Je ne me sens bien dans aucune image que je donne de moi. La seule que j’aime, c’est celle que je lis dans les yeux d’un homme qui m’aime. Et il y en a eu. Je ne vis que pour séduire. Oui, mais séduire sans aimer. Je veux être aimée, j’en ai besoin. Mais je ne veux pas aimer, l’amour est une telle souffrance, je suis trop fragile pour affronter une telle chose, si jeune (j’ai 20 ans, ce n’est pas jeune, mais je suis encore un poussin dans sa coquille, je sais, je sens en moi, la nécessité de me protéger. Il n’est pas encore temps). Alors je finit par repousser ces hommes qui m’aiment et dont j’ai tant besoin. Si je m’étais nourrie de tout cet amour que les hommes m’ont tendu, je serai obèse à l’heure qu’il est.
Je dis la vérité. Cela est si rare, que j’allume mon ordinateur pour écrire des mots qui me concernent directement, et pour les dire à cœur ouvert… D’habitude, je m’égare toujours avec les histoires des autres. Je n’écoute pas beaucoup les gens quand ils me parlent, je préfère quand ils m’écoutent. Mais quand vient le moment du bilan secret que je dresse dans ma tête, j’ai retenu quelques phrases qu’ils m’ont dites, alors je me permets d’inventer le reste de la conversation pour ma collection de souvenirs personnels. Voilà, j’ai dérivé. Ca, ce n’est pas vrai. J’aime écouter les gens. Mais j’ai plus souvent besoin de parler.
Tout à l’heure, j’ai eu envie d’appeler Guillaume pour lui dire ce que j’avais lu dans le journal de Sarah. En fait, je n’ai pas osé. J’ai peur qu’il considère que je suis une pleureuse, la meuf qui vient se blottir dans ses bras dès que la vie lui fait un peu mal. Si seulement il m’avait connue il y a quelques années. Parfois, j’ai envie que les gens connaissent ma vie d’avant. J’ai même envie de la leur faire vivre, de les plonger dedans et de leur dire « maintenant, essayez de vous en sortir ». Je ne le leur raconterai jamais, car je sais qu’ils ne me croiraient pas, ou alors ils penseraient que j’en rajoute, ce qui serait sans doute un peu vrai car j’en rajouterai. Et à quoi bon le dire ? J’ai vécu des drames ponctuels dont je me suis remise, tandis que certains vivent des drames perpétuels. Gaëtan, sa vie est un petit drame de A à Z. Je voudrais l’aider, l’aimer, mais je ne suis pas assez solide pour lui donner tout ce dont j’ai besoin sans qu’il puisse me le rendre en retour. Ils croient tous que je suis aidée, entourée, que j’ai de la force. J’en avais quand j’en ai eu besoin, c’est vrai. Ils me prennent pour une nantie qui a toujours tout eu, une fille qui n’a jamais eu à se battre. Et je ne veux pas détruire cette image qu’ils ont de moi, parce que cela m’aide à oublier que ce n’était pas le cas. Je veux devenir la personne qu’ils ont l’impression que je suis. Née sous une bonne étoile. Ca, c’est tout à fait vrai. Sinon, comment expliquer que j’ai eu autant de volonté, que je m’en sois sortie seule, sans l’aide de personne. Juste moi et ma conscience, on a lutté contre tous les obstacles, on a tout vaincu. C’est pour cela qu’aujourd’hui, j’ai l’impression que rien n’est gagné. Comme si je portais en moi un souvenir cuisant de l’échec. Comme si, d’un moment à un autre, je pouvais replonger comme un vieux toxicomane. Comme si la déprime était une drogue facile, ma facilité à moi, mon plan B pour faire l’autruche si la vie ne me le permettait pas, si je n’étais pas suffisamment malheureuse, ni suffisamment heureuse. Un légume incapable dans un entre-deux, dans un semblant de vie.
Je vais fermer mes volets.
Quand je regarde les fenêtres d’en face, j’ai l’impression que le visage de mes voisins est flouté. C’est comme si je regardais une émission télévisée sur des témoins capitaux d’une affaire criminelle dont on aurait masqué les visages et transformé les voix. J’ai peur d’être vieille dans ma tête. Les gens qui m’ont bien connue savaient que j’étais âgée avant l’heure. Maintenant, personne ne me connaît plus suffisamment pour le penser.
Chez les voisins, tout est dément, incongru, inopportun. Exemples : Pourquoi un tel carrelage, pourquoi des murs rouges, pourquoi une table en plein milieu, et pourquoi, pourquoi, pourquoi, et pourquoi avoir repeint cette façade, cela coute cher, n’est pas la priorité, et cetera (les gens ne savent pas l’écrire alors ils écrivent souvent « etc ». Moi mes enfants feront du latin, et je demande dès à présent le divorce à leur père qui  à l’instant même où je prononce ces mots est quelque part sur terre en train de pester contre le latin et se jure que ses enfants n’auront pas à le subir. Ah non, j’oubliais, mon futur mari & la trentaine actuellement. Oui, il paraît. C’est ce que m’ont dit mes parents. « Ton mari sera forcément plus âgé que toi, tu ne pourras jamais supporter l’immaturité des hommes de ton âge ». Ils ont raison. J’ai l’impression que, grâce à eux, je sais la vie. J’ai vingt et j’ai déjà eu 2 enfants, 23 divorces, 40 amants, j’ai déjà connu la mort de mes proches et l’abandon des amis, la trahison, la solitude, la déception, j’ai déjà fini mes études, je suis déjà sortie mille fois du cocon familial, revenue 400 fois pleurer dans les bras de mes parents, eu des projets fous pleins la tête, égaré certains en route, j’ai vécu des bonheurs et de la tourmente, j’ai connu la tour Effel illuminée mais aussi les nouvel ans en solitaire au travail et sans personne à appeler, j’ai déjà connu la douleur du travail, celle d’avoir un patron puis celle de diriger, je sais déjà que mes supérieurs sont des cons et que mes inférieurs sont aussi des cons, je sais que le monde est cruel, qu’il faut se méfier de tout, de toutes, et j’ai pris peur bien trop tôt. Je suis sortie de mon école d’avocat quand j’avais 5 ans et demi, et je souffre d’imaginer le regard idiot de mes amis essayant de comprendre cette métaphore des plus simples, qui signifie que n’avait déjà plus rien à apprendre à cet âge là parce qu’on m’avait tout raconté).
Revenons-en à mes voisins. J’ai vue sur leur lit. Parfois, ils s’enlacent avec leurs jambes et leurs pieds, sur le matelas posé à même le seul. Ca donne un look « étudiant », de faire l’amour par terre. Ils finissent même parfois par tirer les rideaux, et je les image s’envoyer en l’air moi qui suis chaste jusqu’au fin fond de mon cœur. L’acte d’amour est pour moi un acte si violent, si barbare. J’ai l’impression qu’il s’agit d’un viol, d’une violation de domicile, d’un acte vulgaire et sommaire. Se faire déflorer, c’est un crevaison, un acte héroïque et plein de sang. Voilà la beauté suprême de la chose. Il faut choisir son tortionnaire, et lui offrir son corps, c’est lui ordonner de nous faire le mal pour notre bien. Voilà, je m’offre à toi comme je m’offre à la souffrance, voici mon corps, enfonce toi en lui et dérange toutes ces choses qui n’attendaient que ton passage, fais ton cambriolage, viens tout casser, pose tes empreintes et ne laisse pas ta scène de crime indemne, je veux que ton corps ne m’oublie jamais, je t’aime.
Mais il faudrait être bien fou pour continuer à vivre sa vie à travers un écran. Les mots doivent nous aider à la vivre, et non pas nous empêcher de la vivre. On ne doit pas s’y réfugier, on doit s’y reporter. Sur ce, j’ai une vie qui m’attend avec impatience. Au revoir.