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by *appleplusskeleton |
Elle ouvrit le livre posé sur ma table de chevet et se mit à lire à voix haute avec un accent doucement exotique.
"Les femmes de Paris n’ont pas d’étique, pas d’étiquette, pas de modèle. Elles sont félines, sauvages. Elles jettent leur vêtement sur le sol, brutales, sensuelles, et leurs bijoux claquent sur le carrelage. Elles connaissent les hommes. Elles ne les aiment pas lorsqu’elles les possèdent. Elles les aiment lorsqu’ils ne les possèdent pas.
Elle fait partie de ces femmes que l’on veut posséder. Une de ces femmes qui trichent lorsqu’elles ne sourient pas. Lorsqu’elle fait claquer ses talons sur le sol, elle me fait penser à un tank qui roule sur des mines, il faut fermer les yeux ou penser à la guerre pour ne pas l’imaginer nue, pour ne pas lui montrer l’émoi que l’on ressent à son passage. Elle nous effleure les épaules du regard. C’est alors que l’on voudrait glisser en elle, se prendre pour elle et sentir la gravité s’inverser parce que le monde s’agenouille devant elle. Elle est de celle qui domine tant que l’on voudrait la piétiner, la détester, la salir, lui dire qu’elle n’est rien. Pourtant, on ne peut s’empêcher de l’aimer, parce qu’elle sait ce qu’elle veut."
L'homme, étendu sur le lit, s'éveillait doucement. Il approcha une bougie pour éclairer le visage métisse de la jeune fille, avant de lui faire ses adieux :
- Les lumières de Paris commencent à s’éteindre. Rhabille-toi, Fantasia, et pose ce livre. Cesse de rêver que tu es française, tu n'as même pas de papiers. Ta paye est sur la table.
Irina Ivanovna
(ne protège pas suffisamment son coeur et sa vie)